jeudi 12 avril 2007

LIVRE


"UN SINGE DANS LA TETE" de Jacqueline et Albert Ducros, mars 1998.

Après vingt passés hors d'Angleterre, Andrew Battel rentra au pays où, avant de mourir, en 1614, il raconta son aventure au révérend Samuel Purchas. En 1625, elle fut publiée dans la quatrième édition d'un ouvrage de compilation de voyages en hommage au géographe Hakluyt (intitulé Hakluytus Posthumus or Purchas his Pilgrimes). Il y était question de deux monstres, le Pongo et l'Engeco. Battel dépeint en détail le Pongo, un géant proportionné comme un homme, vraisemblablement le gorille. S'il ne décrit pas l'Engeco, il semble bien que ce soit le chimpanzé.

Le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris acquit un squelette complet de gorille en 1849. Le vénérable organisme rêvait bien entendu de détenir une telle bête vivante ; c'est pourquoi un gorille adulte et deux jeunes furent embarqués en 1851 au Gabon à destination de la France. Ils y arrivèrent confits dans l'alcool, n'ayant pas supporté la traversée. Ce n'est qu'en 1855 que le premier gorille vivant arriva en Europe. C'était une jeune femelle, Jenny, qui faisait partie d'un spectacle et sillonna la Grande-Bretagne d'un bout à l'autre pendant plusieurs mois. Curieusement, personne ne l'identifia correctement et elle fut présentée comme un chimpanzé.

En 1867 parut, en plusieurs langues, un petit ouvrage qui eut un succès considérable. Il s'intitulait Enlèvement d'une jeune fille par un gorille. Histoire reçue d'un explorateur par feu le révérend Dr Livingstone, le célèbre voyageur. Leah Haas, ravissante adolescente de dix-huit ans qui accompagne son père diamantaire au Gabon, est enlevée par un gorille vicieux et féroce. Son père et le narrateur, John Oslow, se lancent à la poursuite du kidnappeur. Ils finissent par retrouver le singe, dressé, hurlant, le pied posé sur la hanche de sa victime étendue sur le sol, défendant sa prise. Ouf! Leah est récupérée avant que l'inacceptable ne se produise. Au moment où ce récit paraissait, Livingstone avait disparu depuis l'année précédente, et on avait perdu espoir de le retrouver. L'histoire aurait pu continuer d'alimenter le mythe du gorille séducteur si le missionnaire n'avait réapparu et rétabli la vérité sur les amours contre nature de la jolie fille du diamantaire (Onslow, 1867).

Cecil B. De Mille, grand réalisateur hollywoodien, a dans Le Signe de la croix (1931) livré aux gorilles une vierge enchaînée à une statue, scène amputée par la censure.

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